La forêt couvre 70% de la Suède et ne cesse de s’étendre. Pas étonnant qu’on y ait depuis longtemps construit les maisons individuelles en bois. Ces derniers temps, l’attrait pour ce matériau ancestral prend des formes spectaculaires dans toute la Scandinavie. 

La Norvège abrite la plus haute tour en bois du monde, avec un Wood Hotel et des appartements : elle culmine à 85 mètres au-dessus du plus grand lac du pays, à Brummundal. 

En septembre 2020, a été inauguré à Skelleftea, dans le nord de la Suède, la Sara Kulturhaus, comprenant des scènes de théâtre, une bibliothèque, un hôtel couronné par une piscine offrant une vue sur la ville. Le bâtiment mesure 80 m de haut et compte 20 étages. Sa façade en verre accrochant les derniers rayons du soleil semble faire flotter l’édifice au-dessus des toits environnants. Sa structure, comme les murs, les sols et même les cages d’ascenseur… tout est en bois.

Si le bois était déjà connu pour sa résistance mécanique et ses capacités isolantes, de nouvelles technologies comme le bois laminé croisé ont contribué à le rendre encore pour séduisant pour les architectes. Quatre usines en produisent en Suède.

Les troncs d’abord écorcés s’engouffrent dans la chaîne. Les meilleures planches sont assemblées en plusieurs nappes, orientées à 90° l’une de l’autre afin d’obtenir des panneaux ultrarésistants qui peuvent atteindre 35 m de long sur plus de 1 m d’épaisseur. D’une chaîne similaire, où des lattes sont assemblées bout à bout, sortent des poutres porteuses en lamellé-collé. 

A la sortie de l’atelier, des scies programmables permettent de découper les emplacements des portes, des fenêtres, et des gaines techniques. A la livraison sur le chantier, il n’y a plus qu’à monter chaque élément avec une grue et à le visser au précédent.

Ces matériaux ont aussi des qualités très prisées dans ces temps de crise climatique. Ainsi les 13.000 arbres nécessaires à la construction du Wood Hotel ont fixé du carbone pendant 75 ans, ils vont le garder pendant un siècle encore, et ils ont tous été coupés et replantés dans les forêts alentour. 

La fabrication de 1m3 de béton émet 471 kg de gaz à effet de serre, celle de la même quantité de bois laminé-croisé équivaut à soustraire 460 kg de carbone du bilan atmosphérique pour toute la durée de vie du bâtiment.

Le principal obstacle au développement du bois est tapi au fond de notre mémoire collective : c’est le souvenir de siècles d’incendies. Mais la résistance au feu du bois très épais est plus grande que celle du béton, qui éclate, ou de l’acier, qui fond. 

Frédéric Faux – Le Figaro – 30 septembre 2021

https://www.archdaily.com/967019/sara-kulturhus-center-white-arkitekter/611c4543f91c818e00000093-sara-kulturhus-center-white-arkitekter-photo?next_project=no

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