Une espèce est considérée comme rare parce que sa population est peu abondante ou que sa répartition géographique est très limitée. Cette définition est trop étroite, soulignent des scientifiques du CNRS, de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité et des universités de Grenoble et de Montpellier, dans une étude publiée le 8 octobre dans Nature et Communication.
Il faudrait aussi tenir compte à la fois de la rareté des espèces et de leur fonction. Ces espèces sont particulièrement importantes, à la fois parce qu’elles sont peu abondantes et qu’elles remplissent un rôle écologique essentiel dans leur milieu : elles dispersent les graines, assurent la pollinisation de plantes rares ou se nourrissent d’insectes envahissants et sont seules à le faire dans leur écosystème.
Ainsi, l’ariane de Lucy, un petit oiseau-mouche qui participe à la pollinisation, n’existe plus que sur quatre sites dans les vallées arides du Honduras. Le macaque de l’île de Sulawesi, en Indonésie, se nourrit de 145 espèces de fruits et a une importance cruciale pour la dispersion des graines. Il est en danger critique d’extinction. La ninoxe des Moluques, rapace nocturne dont la présence se limite à deux îles indonésiennes, participe au contrôle des sauterelles, sa proie principale dans la forêt humide tropicale.
Quand ces espèces, et beaucoup d’autres tout aussi irremplaçables, sont en danger d’extinction, le risque est global pour leur environnement. À ce titre, elles devraient être en tête des espèces à préserver. Il est urgent de les répertorier.
Delphine Chavet – Le Figaro – 18 octobre 2020