La question de l’éducation au temps de la pandémie est un souci dans tous les pays. Nous avons essayé de réunir en un seul message la plupart des thèmes que nous avons rencontrés dans la presse mondiale.
Nous sommes tous face à cet enjeu : protéger la santé des gens, à la fois la santé physique, psychique et sociale. Le même souci porte sur la famille, l’économie et l’éducation. En effet, comme le montrent de nombreuses études consacrées à l’impact du confinement, la performance éducative des enfants et des jeunes régresse. Contrairement à ce qu’on avait espéré, l’école à la maison ne fonctionne pas bien. C’est vrai chez les bons élèves et les moins bons, dans les matières principales. Quant aux matières jugées « non essentielles » comme l’art, la musique et le sport, elles ont la plupart du temps tout simplement disparu des programmes.
En même temps, les psychologues scolaires notent que le comportement des élèves s’est dégradé. Avec l’isolement et le rétrécissement des programmes, beaucoup ont désappris à apprendre, les situations de détresse se multiplient. La seule chose que beaucoup d’enfants ont appris, c’est de … ne rien faire. Nombreux sont ceux qui auront besoin d’aide pour être capables de renouer avec le travail scolaire, parfois même avec la vie sociale tout court. L’inégalité devant le droit à l’éducation s’aggrave : les milieux les plus modestes, ceux où les parents peuvent le moins aider leurs enfants, sont évidemment les plus durement frappés et la situation va continuer à se détériorer.
Les conséquences économiques se font déjà sentir et s’aggraveront au fil du temps. La priorité à l’éducation va entrer en compétition avec d’autres, notamment la santé. À plus long terme, la pandémie risque d’induire la moindre qualification, peut-être aussi la moindre motivation d’une force de travail que la démographie impacte par ailleurs négativement.
Le Covid est une catastrophe sanitaire. C’est aussi une catastrophe éducative imminente.
L’école est un lieu majeur pour la socialisation, ici et maintenant et concrètement, non par l’intermédiaire d’écrans. Une raison importante pour laquelle les écoliers doivent aller à l’école, c’est outre l’instruction, l’interaction avec d’autres enfants. Des études neurologiques récentes montrent même que l’attention et la concentration sont bien supérieures quand les élèves se trouvent ensemble dans une classe et non à la maison devant une tablette. C’est dans ce sens que doivent être conçus désormais tous les efforts.
Tout le monde admet qu’il faut « faire quelque chose », mais quoi et comment ? À cette question nous n’avons trouvé nulle part de réponse convaincante. Mais un mot a attiré notre attention : la monotonie. Le fil conducteur de toutes les démarches tâtonnantes qui se poursuivent est l’exigence de l’écarter. Serait-il concevable que, dans le cadre de l’enseignement à distance, soient organisées, entre les maths et la dictée, des compétitions entre élèves d’une même classe dans des matières comme le sport ou la musique ? C’est la compétition qui recrée le collectif.
Ce ne sont là que des suggestions, pas des critiques. Les enseignants ont fait ce qu’ils ont pu dans l’urgence et la plupart ont su improviser et améliorer peu à peu leurs cours à distance.
Hélène Braun