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La question ne date pas d’hier : les ressources familiales impactent-elles la réussite professionnelle des enfants ? La réponse spontanée est « oui ». Innombrables sont les travaux qui le démontrent. Oui, mais voilà… Une étude statistique portant sur près de près de trois millions de jeunes nés en France métropolitaine entre 1989 et 1992 vient nuancer cette idée reçue. Elle a été conduite par l’un des meilleurs spécialistes des inégalités générationnelles en France, Michaël Sicsic. 

Il en ressort que 25 à 30% du revenu des individus s’explique par leurs circonstances familiales. La méthode consiste à mesurer à quel point les membres d’une fratrie ont des revenus similaires. Si leurs revenus sont en général très proches, on peut conclure que la famille joue un rôle prédominant dans la formation des revenus. Si au contraire les différences de revenus au sein de la fratrie sont aussi élevées que celles séparant les jeunes du même âge et du même sexe choisis aléatoirement dans la population, on conclurait que la famille joue un rôle très limité. 

La situation varie selon les pays d’Europe. En France le rôle des circonstances familiales est substantiel mais reste minoritaire par rapport aux facteurs extra-familiaux. Lorsque le chercheur se focalise sur l’analyse des revenus des jumeaux, les chiffres sont à peu près les mêmes. 

Quel est donc le facteur le plus important ? Il semble que les caractéristiques non mesurables, par exemple l’éducation familiale et le patrimoine culturel, soient les données les plus déterminantes. Cela dit, le diagnostic sur la mobilité intergénérationnelle en France reste en retard par rapport aux pays scandinaves et aux États-Unis où il existe des données plus détaillées encore. 

Xavier Jaravel, professeur à la London School of Economics – Les Échos – 29 février 2024

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