Lastminute.com ou Departdemain.com pour partir en voyage, la formule Now de Booking.com, Prime Now de Amazon pour être livré en une heure, Move Now pour déménager du jour en lendemain, quand ce ne sont pas les livraisons de courses en dix minutes … : c’est le règne du court-termisme. 

Il y a encore peu, ces offres de dernière minute avaient pour finalité de ré-enchanter notre quotidien en y introduisant de l’inattendu et d’heureuses surprises. Maintenant elles font partie du quotidien.

Les deux dernières années de rupture du continuum temporel dues à la pandémie, ses confinements successifs, la peur de ne pouvoir annuler et se faire rembourser des réservations de spectacles, de concerts, de pièces de théâtres, de visites de musées faites assez longtemps à l’avance, semblent avoir encore un peu plus hystérisé la culture de l’urgence et de l’accélération permanente. Mais que fait-on de tout ce temps gagné ? Pas grand-chose ! 

Le plus grave, c’est que ces usages, les menaces sur l’environnement et la crise sanitaire ont ébranlé la confiance en l’avenir de ceux qui devraient en priorité se projeter dans le futur et le bâtir : les jeunes. D’après le Baromètre de la jeunesse 2021, la part des jeunes estimant la période propice à se lancer dans un projet d’avenir est passée de 56% en 2019 à 36% en 2021. 15% se projettent encore sur le long terme, 37% anticipent des changements à l’horizon des 3 à 5 ans à venir, mais 35%, soit un tiers de cette génération, n’envisagent l’avenir qu’à court-terme.

Vincent Cocquebert – Le Monde – 20 mars 2022
https://injep.fr/wp-content/uploads/2022/01/Barometre-DJEPVA-2021.pdf

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