C’est une après-midi ensoleillée à Rome, en ce début de déconfinement. Les habitants de certains quartiers s’aventurent dehors qui sous un large parapluie, qui en tirant son sweat-shirt sur sa tête, qui en s’armant d’un bâton… Les corbeaux sont de retour. La bagarre commence !
En voilà deux qui s’attaquent à une passante, lui tirent les cheveux avec le bec, accrochent son chemisier avec leurs pattes. Elle réussit à s’en débarrasser en leur balançant son cabas.
Chaque printemps, Les Oiseaux de Hitchcock se rejouent pour de vrai dans la capitale italienne. Les petits corbeaux viennent d’éclore et pour leurs parents chaque passant représente une menace.
Déjà les Romains subissent en toute saison les goélands et leurs cris et, lorsque les étourneaux font étape au cours de leur migration annuelle, les places plantées d’arbres sont recouvertes d’une fiente bleue et malodorante. Mais là c’en est trop. Quand les corbeaux attaquent, les ligues de protection des oiseaux sont submergées d’appels : « vous vous préoccupez du bien-être des oiseaux, mais vous vous moquez des personnes ! »
On leur répond que c’est aux hommes de s’adapter : nettoyer les rues car les corbeaux sont attirés par les ordures et les rats ; ne pas nourrir les pigeons ; ne pas porter de sacs, chapeaux ou parapluies noirs que les corbeaux prennent pour des congénères blessés.
Emma Bubola – New York Times International – 10 juin 2021