Les capacités sensorielles des requins, comme celles de leurs cousines les raies, sont remarquables. Les neurones olfactifs occupent les deux-tiers de leur cerveau. Une infime goutte de sang, de pétrole, d’huile de poisson, un soupçon de phéromone… et ils en sentent l’odeur au milieu d’une quantité d’eau équivalente à celle d’une piscine olympique.
Plus extraordinaire, ils perçoivent le moindre signal électrique émis par chaque organisme vivant, animal ou végétal. Un petit poisson enfoui sous la vase est invisible à l’œil nu, mais quand les branchies qui lui servent à absorber l’oxygène rejettent de l’eau par les opercules, cela crée un minuscule voltage qui s’allume et s’éteint comme un courant alternatif. Le requin le détecte à travers ce qui ressemble à des pores sur son museau et qui sous la peau s’élargit en tube emplis d’une matière gélatineuse conductrice d’électricité. Ces récepteurs électriques sont appelés « ampoules de Lorenzini », en l’honneur de Stefano Lorenzini qui les a mis en évidence au XVIIIe siècle lors d’une dissection, 300 ans avant que leur fonction ne soit identifiée.
Mais quelle sensation cela procure-t-il ? Quelques originaux ont choisi de se doter de ce sixième sens en se faisant implanter de minuscules aimants au bout des doigts. A l’approche d’un autre aimant, ces personnes bioniques éprouvent comme un choc électrique indolore, une vibration qu’elle apprennent à interpréter.
Cal Flyn – Prospect – Juin 2021
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