Au Ghana, un millier de paysans ont été formés aux principes de régénération naturelle des arbres, qui favorisent leur repousse au milieu des champs. Dix ans après le début du programme, de véritables mini-forêts ont éclos. 

A l’extrême nord, tout près de la frontière avec le Burkina Faso, c’est une région de savane au climat semi-aride où, d’année en année, les saisons sèches s’éternisent un peu plus. Mais les villageois ont été initiés par l’ONG internationale d’aide au développement Vision du monde, à la pratique de la régénération naturelle assistée (RNA) : abandonner l’usage des brûlis, encourager la repousse systématique des arbres existants à travers la taille et l’auto-ensemencement, utiliser les arbres comme ressource, en faisant coexister les essences, pour permettre l’émergence d’écosystèmes productifs. Toute végétation est en effet capable de se régénérer naturellement. Mais à condition d’être assistée par l’homme. 

Par exemple, d’un tronc massif de combretum, tortueux, coupé ras, une dizaine de nouveaux arbres ont poussé. Leurs tiges s’élancent à plus de 2 mètres de hauteur et à l’ombre de leur feuillage prospèrent l’arachide et l’hibiscus, le maïs et le sorgho.

Au milieu des champs, là où ne poussaient que de rares arbustes, ont éclos de véritable mini-forêts comprenant toutes sortes d’espèces indigènes. Désormais on peut ici récolter des baies et des épices, là faire paître du bétail, ailleurs encore installer des ruches. Grâce à un sol plus fertile, les cultures se portent mieux et … les termites prolifèrent, avec lesquels on peut nourrir des pintades. 

Vertueuse pour la protection de l’environnement et l’économie locale, la régénération naturelle vise à redonner du pouvoir aux communautés. Les programmes de soutien de Vision du monde, prévus sur dix ans, sont désormais clos. Mais ce sont les villageois eux-mêmes qui continuent à former de nouveaux paysans.

Mathilde Gérard – Le Monde – 2 novembre 2021

Print Friendly, PDF & Email