L’université de Cambridge a été la première à annoncer au printemps que tous les cours magistraux se dérouleraient en ligne au cours de l’année 2020-2021. Les séances dites de supervision en petits groupes de 3 à 5 élèves autour d’un tuteur, qui font la valeur ajoutée de l’enseignement à Cambridge, seront néanmoins maintenues. Les étudiants appellent cela la « Zoom University ».
Camless, le réseau social satirique de l’école enchaine les parodies : jeunes au fond de leur lit ou décrochant le jackpot pour avoir payé plein pot des cours au rabais.
Les enseignants s’adaptent en alternant cours en ligne en direct et vidéos enregistrées. Ce changement pose moins de problèmes pour les matières littéraires que pour les sciences où les manipulations en laboratoire sont indispensables.
600 étudiants étrangers ont demandé à l’université de mieux prendre leur cas en considération. Certains venus d’Asie souhaitaient rester dans leur pays, où la pandémie est peut-être mieux gérée qu’au Royaume-Uni. Mais l’université a maintenu l’obligation de résider sur le campus, selon une tradition qui veut que les étudiants soient logés à moins de 3 miles de l’église St Mary’s au cœur de la ville.
Autre problème : les droits universitaires. Au printemps dernier une pétition a réclamé une baisse de ces droits – plus de 9 000 livres par an pour les Européens et 20 000 à 50 000 pour les Asiatiques et les Américains. Les autorités ont expliqué que les coûts de fonctionnement de l’université avaient augmenté.
Et la situation affecte durement la vie sociale qui fait tout le charme de l’expérience universitaire à Cambridge, avec les chorales et les compétitions d’aviron face à Oxford.
Voilà pour l’une des universités les plus prestigieuses du monde. Que dire de ce qui se passe ailleurs, partout ? Que dire de cette plongée des étudiants dans une condition marquée par toutes sortes d’épreuves ? Et quelle sera leur vision du monde au sortir de ces mois terribles…si sortie il y a !
Ingrid Feuerstein – Les Échos – 17 novembre 2020