Troncs d’arbre, poubelles, chaises de jardin, bonbonnes de gaz, conteneurs tombés de transporteurs géants, cétacés faisant surface… c’est fou les obstacles qui flottent sur les océans et que risquent de heurter les voiliers de compétition lancés à toute vitesse ! Frustration pour les skippers, les sponsors et les organisateurs, dont les efforts ont été réduits à néant. Et danger terrible pour l’équipage. Quand Christophe Colomb heurtait une baleine à 5 nœuds cela faisait moins de dégâts qu’un foiler, véritable Formule 1 des mers, lancé à 25 nœuds.
Pour éviter ces mauvaises rencontres, 18 des 33 concurrents du Vendée Globe ont embarqué un nouveau compagnon : Oscar, imaginé par Raphaël Biancale, ingénieur spécialiste de la voiture autonome, marqué par le souvenir de navigations périlleuses de nuit avec son père. Installé en tête de mât, c’est un capteur de 750 g. constitué de trois caméras (dont deux thermiques pour l’obscurité et mesurer les différences de température). Il filme la surface de la mer, jusqu’à 600 m. devant l’étrave.
Quand il repère quelque chose qui n’est pas de l’eau, il déclenche une alarme. Nourrie des données envoyées par les bateaux équipés, l’intelligence artificielle reconnaît désormais une bouée, un bateau à moteur ou à voile. Mais pas encore le toit d’un container ou le dos d’une baleine montée à la surface prendre sa respiration. Or neuf fois sur dix, ce sont des baleines que heurtent les bateaux.
À terme, l’objectif est de relier le dispositif au pilote automatique pour permettre au bateau de changer seul de trajectoire.
Guillaume Loisy – Le Figaro – 14 novembre 2020