La situation des marins et touristes, bloqués à bord de leur bateau est d’abord une affaire d’ordres de grandeur : des centaines de milliers de personnes, des milliers de bâtiments, la plupart des grands ports, la haute mer… Pendant des mois et des mois, l’impossibilité de débarquer car les autorités portuaires savent que c’est souvent par la mer que vient le virus mortel : refuser tout le monde est pour elles la façon la plus simple de s’en préserver.

Qui est au courant ? Un peu tout le monde. Qui s’en préoccupe ? Personne.

Les touristes étant mieux entendus par les médias, on a longuement parlé du cas du grand navire de croisière à Nagasaki, du suicide de la passagère qui, ayant appris qu’elle ne pourrait pas rentrer chez elle a sauté en mer depuis le pont du Regal Princess dans le port de Rotterdam. Mais on occulte les innombrables drames que vivent les marins, prisonniers de fait pendant des mois et des mois et qui ne voient pas la fin de leur calvaire.

Un malheur n’arrivant jamais seul, un autre risque guette les marins, plus particulièrement le long de la côte orientale de l’Afrique : la piraterie, qui n’est pas nouvelle mais qui devient chronique. Un ingénieur indien qui fut retenu prisonnier et torturé pendant huit mois par des pirates somaliens a déclaré : « seul l’amour de notre famille nous maintenait en vie. »

Katrin Büchenbacher – Neue Zürcher Zeitung – 3 août 2020

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