En 1990, Jane Watson, écologiste en Colombie britannique (Canada) observa que les loutres de mer avaient une habitude apparemment destructrice : elles creusent la vase des fonds pour déloger les coquillages dont elles se nourrissent. Ce faisant, elles déracinent le varech (aussi appelé zostère), qui flotte un peu plus loin. C’est un souci pour les défenseurs de l’environnement, qui s’évertuent ailleurs à restaurer à la main les herbiers d’algues endommagées.

Mais quand elle y regarda de plus près, Jane Watson se rendit compte que, dans les endroits fréquentés par ces loutres, le varech semblait mieux refleurir et la prairie sous-marine était plus saine.

Il fallait confirmer cette intuition par une étude scientifique. Elle la confia à l’une de ses anciennes étudiantes, Erin Foster. La recherche révéla que le varech a deux modes de reproduction : soit le clonage, qui produit des sujets identiques, soit la pollinisation sexuée qui donne des plantes avec chacune son gène propre. En déracinant le varech, les loutres favorisent la pollinisation, donc une plus grande diversité génétique et partant une plus grande robustesse de l’écosystème, bénéfique autant pour les algues que pour les loutres et tous les petits animaux qui peuplent ces herbiers.

Marine Cupids – International New York Times – 23 octobre 2021

Lien à ce sujet : « Les jardiniers sous-marins »

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