Êtes-vous pessimiste ou optimistes ? De nombreuses études montrent que vous auriez tout intérêt à être optimiste. Les optimistes ne sont pas seulement plus heureux, plus résilients face à des événements négatifs, mais ils sont également en meilleure santé, vivent plus longtemps et se remettent mieux d’une intervention chirurgicale.
De quoi dépend ce caractère ? Est-il inné ou acquis ? Les deux ! En comparant de vrais jumeaux possédant les mêmes gènes mais vivant dans des environnements différents, on se rend compte que si l’estime de soi et le sentiment d’une vie épanouie semblent dus à la génétique, l’optimisme dépend davantage de l’environnement et des expériences vécues.
L’optimisme peut-il s’acquérir ? Oui, si l’on en croit cette expérience où des groupes de sujets étaient invités à raconter par écrit pendant 20 mn d’affilée, soit l’événement le plus traumatisant de leur vie, soit ce qui pourrait leur arriver de mieux, soit les deux ; un groupe-contrôle écrivait à propos d’un événement n’impliquant aucune émotion. Bien sûr, sur le moment, décrire un avenir radieux produit une sensation de bien-être et raconter une expérience traumatisante met mal à l’aise. Mais ce qui est intéressant, c’est que pendant les cinq mois suivants, on a constaté une réduction des maladies sur les sujets qui avaient écrit un texte émotionnel (trauma ou espoir) et rien sur les sujets-contrôle. On peut donc apprendre à devenir plus optimiste et en bénéficier même sur le plan physique.
Mais où cela se passe-il dans notre cerveau ? Han Lai, de l’université de Chengdu (Chine) et ses collègues hongkongais se sont intéressés aux corrélats neuro-anatomique de l’optimisme chez 231 étudiants âgés de 16 à 20 ans. Ils ont ainsi découvert que l’optimisme était lié à la densité de matière grise d’un petit noyau dans chaque hémisphère cérébral : le putamen. Ce noyau est impliqué dans nos mouvements, dans nos comportements et dans l’apprentissage, mais très certainement aussi dans nos émotions puisqu’il est intimement lié à une autre structure : le noyau accumbens qui participe à notre sentiment de bonheur.
Voilà de quoi réconcilier la psychologie positive et les neurosciences qui s’accorderont sur une mesure à prendre en urgence : s’entraîner à envisager un avenir radieux pour stimuler notre putamen, développer sa matière grise et apprendre ainsi à voir la vie en rose !
Sylvie Chokron, Directrice de recherche au CNRS, Laboratoire de psychologie de la perception, université Paris-Descartes et Fondation ophtalmologique Rothschild – Le Monde – 1er décembre 2021