Entre 2018 et 2020, quelque 18 000 enfants et adolescents étrangers non accompagnés ont disparu en Europe. On suppose que certains ont réussi à rejoindre un membre de leur famille. D’autres ont trouvé un travail au noir ou ont été contraints au travail forcé pour rembourser le prix de leur passage, d’autres encore ont été victimes de criminels, dont des réseaux de traite d’êtres humains. Ainsi, des filières de prostitution de jeunes Nigérianes ont-ils été mis au jour dans plusieurs pays. Deux jeunes Vietnamiens, qui figuraient parmi les 37 personnes retrouvées mortes dans un camion frigorifique en Grande-Bretagne en octobre 2019, avaient tenté en vain d’alerter les autorités néerlandaises sur le rôle de trafiquants avant d’être contraints d’embarquer.

C’est en Italie (5 775 disparitions recensées), en Belgique (2 642), en Grèce (2 118) et en Espagne (1 889) que les disparitions sont les plus nombreuses. On ne sait rien de ce qui se déroule en France, en Grande-Bretagne ou en Roumanie. Il n’y a guère d’échanges de données entre les pays de l’Union européenne concernant ces jeunes : « l’Europe est capable de régler la question des compensations si votre avion est en retard, mais un enfant exploité devra, lui, se battre tout seul », s’indigne un expert de l’organisation Lost in Europe, une association spécialisée de journalistes d’investigation.

Jean-Pierre Stroobants – Le Monde – 21 avril 2021
https://lostineurope.eu/file/no-numbers-file

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