Le biologiste autrichien, Johannes Fritz, qui se passionne pour l’Ibis chauve, redoute que ce dernier ne disparaisse de nouveau, comme ce fut déjà le cas dans le passé : il y a 400 ans, les Européens les avaient tous mangés, à l’exception de quelques-uns qui survécurent en captivité. Mais en liberté, cet oiseau doit absolument migrer pour l’hiver vers le sud, au-delà des Alpes, un obstacle insurmontable pour lui car il a désappris à s’orienter.
Décidé à le sauver, Johannes Fritz a entrepris d’enseigner aux ibis chauves une nouvelle route en les guidant lui-même à bord de son ULM. En 2004, il a ainsi conduit une volée d’ibis d’Autriche vers l’Italie. Il a recommencé quinze fois depuis et a rendu à la vie sauvage 277 jeunes ibis.
Or avec le réchauffement, les ibis commencent leur migration non plus en septembre mais fin octobre. À cette s les sommets des montagnes sont déjà couverts de neige et les colonies d’ibis ne peuvent plus y trouver de la nourriture. Du coup, par un itinéraire trois fois plus long, il mène ses protégés jusqu’à la côte sud de l’Espagne, près de Cadix, où ils peuvent hiberner confortablement. Volant à la vitesse maximale de 40km/h, il lui faut environ six semaines alors qu’il en fallait deux pour rejoindre la Toscane.
M. Fritz a compris que ces oiseaux, même après plusieurs générations dans un zoo, conservaient leur instinct de migrer. Ce qui leur manquait c’était un pilote. Il évoque le précédent des oies du Canada. Et comment ne pas rendre hommage à Jacques Perrin et son film de 2001 « Le peuple migrateur », qui fut tourné avec la même technique.
Denise Hruby – International New York Times – 19 août 2023
https://rewildingeurope.com/rew-project/life-reason-for-hope-reintroduction-of-the-northern-bald-ibis/
https://www.youtube.com/watch?v=5Fvv70f7ukg