À Pieve Santo Stefano, bourgade de Toscane, on collectionne, depuis 1541, les mémoires des gens ordinaires. Chaque voix compte, y compris celle des analphabètes et des voleurs. Aucune fiction ne peut soutenir la comparaison avec la réalité. Ces textes, au nombre de cinq cents environ, sont conservés au Piccolo Museo del Diario, trois pièces dans le seul immeuble qui n’ait pas été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Des visites guidées sont possibles, sous la conduite de vingt bénévoles. Le visiteur peut, à son choix, lire ou écouter un seul témoignage ou des extraits de plusieurs. 

Parmi les très nombreux exemples repris dans l’article dont nous tirons cette brève, nous mettons en lumière les souvenirs de Vincenzo Rabito, un simple ouvrier qui, de 1968 à 1975, s’enfermait tous les soirs dans sa chambre pour tenir son journal sur une vieille machine à écrire Olivetti, alors même qu’il n’avait jamais vraiment appris à lire et écrire. Rabito a combattu dans la Première puis la Seconde Guerre, est devenu père et grand-père. Il avait une devise : « sans aventure, on n’a rien à raconter ». 

L’habitude n’est pas perdue, la pratique se poursuit. Ainsi, une paysanne très âgée vient de dicter ses souvenirs depuis le lit qu’elle ne quitte plus. 

Marc Zollinger – Neue Zürcher Zeitung – 15 septembre 2023
Youtube : Archivio dei Diari 

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