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La conquête de l’espace s’intensifie et avec elle la perspective de conquérir de nouveaux territoires, de vivre et travailler sur d’autres planètes. Des capitaux immenses sont consacrés aux voyages du point de vue technique, mais qu’en est-il de la connaissance scientifique concernant la vie quotidienne ailleurs que sur Terre ? En particulier, on n’étudie pratiquement pas la reproduction humaine dans l’espace. Or il y a de bonnes raisons de penser qu’elle sera difficile, impossible, dangereuse…

Toutes les données que nous avons sur la physiologie des humains dans l’espace vient des stations orbitales où les astronautes sont en permanence en apesanteur. Une pichenette peut vous envoyer valdinguer assez loin. Faire l’amour dans ces conditions pourrait être amusant et acrobatique, mais est-ce envisageable ? 

Et puis on sait que dans l’espace les astronautes perdent chaque mois 1% de densité osseuse de leurs membres inférieurs. On l’a constaté sur les rares missions de plus de 300 jours. Sur Mars, ce sera le cas puisque Mars a une gravité inférieure de 40% à celle de la Terre. Et on n’a aucune idée de ce qui se passera pour une jeune femme prévoyant de porter un enfant et de lui donner le jour ; on n’a aucune idée de ce qui se passera pour des bébés destinés à grandir. 

Sans parler des nombreux problèmes de santé prévisibles : calculs rénaux à cause de la perte de calcium dans les os, maux de tête dus au dioxyde de carbone élevé dans l’atmosphère, et probablement cancers consécutifs à l’exposition de radiations intenses.

Les rares chercheurs qui ont évoqué les conditions de la reproduction humaine dans l’espace l’ont fait avec une insouciance révoltante : « il y aurait, dit un chercheur, une politique favorable à l’avortement sur Mars parce que la naissance d’enfants handicapés serait nuisible à la colonie » et un autre évoque « la transition vers une nouvelle sélection naturelle pour fabriquer des humains adaptés à leur environnement ». 

En réalité, nous avons toutes les raisons de craindre les progrès de la conquête spatiale. Un voyage risqué vers Mars peut être le choix d’adultes consentants. Mais, sans études sérieuses – et coûteuses –  sur le sujet, pas question d’y fonder une famille. 

Sinon l’éventualité d’une deuxième planète pour l’humanité ne serait pas un rêve mais un cauchemar !

Kelly Weinersmith, enseignante en biosciences à l’Université Rice (Houston, Texas) et Zach Weinersmith, auteur de la série de bande dessinée humoristique « Saturday Morning Breakfast Cereal » sur Internet. 

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