En février 2021, Meta-Facebook a envoyé un chèque de 397 dollars à 1,6 millions de personnes dans l’État américain d’Illinois. Faisant suite à divers contentieux, il s’agissait d’une part de solder des litiges antérieurs portant sur le respect de la vie privée et le droit à l’image, d’autre part de préparer l’avenir : accepter cet argent, c’est pour chaque destinataire consentir à ce que son visage soit utilisé sans qu’on ait à lui demander. 

Le débat est engagé, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et dans l’Union européenne : faut-il réguler la reconnaissance faciale ? La réponse dominante est de la limiter strictement, par exemple aux affaires criminelles. Si nous sommes si facilement reconnaissables, nous n’oserons plus exprimer librement nos opinions, participer à des manifestations, visiter des lieux qui pourraient donner des indications à propos de notre religion ou de notre orientation sexuelle. D’un autre côté, nous avons à l’évidence affaire à une vague puissante dont il n’est pas sûr que nous soyons capables de l’endiguer. En Chine, tous les visages sont enregistrés, personne n’a été consulté, et le pouvoir, notamment sous sa forme répressive, peut en faire ce qu’il veut. 

Cette question est loin d’être résolue, elle est l’un parmi bien d’autres des sujets que suscitent les nouvelles technologies.

Gioia da Silva – Neue Zürcher Zeitung –- 31 mai 2022

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