Pondre plus tôt au printemps, partir en migration au bon moment, reconstituer une population après une grosse épidémie… les espèces animales s’adaptent à l’environnement. Mais à quel point et à quel rythme ? Quelle est la part du hasard et de la génétique dans leur capacité à survivre et à se reproduire ?

Pour répondre à ces questions, plusieurs équipes successives de chercheurs de l’Université nationael australienne de Canberra (ANU) étudient depuis quarante ans l’évolution adaptative d’animaux sauvages : mésanges bleues du sud de la France, gobemouches à collier en Suède, écureuils au Canada, campagnols des Alpes suisses… en tout 250 000 oiseaux et mammifères. 

Résultat : une masse impressionnante de données traitées par de puissants ordinateurs pendant 25 000 heures pour étudier statistiquement les différences génétiques entre les générations.

La première étude publiée dans la revue Science le 25 mai 2022 concerne 19 populations d’oiseaux et de mammifères sauvages. Étonnamment, elle montre que l’évolution adaptative à l’environnement est plus rapide que prévu. « La plupart des théories suggéraient que les processus de sélection naturelle se déroulaient sur des temps très longs », souligne Timothée Bonnet, premier auteur de l’étude. « On connaissait des exemples d’évolutions survenues en quelques années seulement, mais ici c’est un constat à grande échelle. »

Si le hasard reste largement dominant, les espèces s’adaptent aussi génétiquement. Cette évolution adaptative expliquerait une part importante des changements de morphologie, de couleur ou de comportement que l’on peut observer dans la nature. Le changement se fait en quelques générations. 

C’est peut-être un indice que les animaux sauvages sont en train d’essayer de s’adapter à un environnement qui se dégrade. Malheureusement, cette évolution risque de ne pas être assez rapide pour rattraper la vitesse des changements prochains. 

Delphine Chayet – Le Figaro – 27 mai 2022

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-journal-des-sciences/l-evolution-des-animaux-sauvages-est-beaucoup-plus-rapide-que-prevue-3496630

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