Enclavé dans l’Himalaya entre l’Inde et la Chine, sujet à des tremblements de terre, ravagé par l’instabilité politique et la corruption, le Népal se porte mal et les ONG y injectent en vain des millions de dollars depuis des décennies.

Le pays possède pourtant une richesse ignorée de ses habitants : le bambou. Cette plante qui pousse très facilement là -bas peut donner lieu à d’innombrables usages : on la mange (ce sont les pousses de bambou de la gastronomie asiatique), on en fait des paniers et autres vanneries, des flûtes, des calames (équivalent d’une plume quand on le trempe dans l’encre), des meubles, des maisons, des estrades de mariage et des cercueils…

Problème : les villageois sont persuadés que le cultiver porte malheur ! Ils détournent la malédiction en embauchant quelqu’une d’un autre village pour s’en occuper (« le grand-père bambou »). Mais, malgré tout, cette superstition empêche qu’on cultive cette plante providentielle.

L’ONG « World Neighbors » basée à Katmandou est en train de renverser la situation. Elle a trouvé quelques courageux qui ont osé planter des bambous et à qui il n’est rien arrivé de mauvais. Ils sont devenus un exemple pour tout le monde et la culture du bambou commence à se développer. Or le bambou coûte si peu cher qu’il rapporte très vite un vrai revenu. De plus, il aide à la lutte contre l’érosion des sols et filtre les polluants de l’eau. 

Une fois ce cap franchi, d’autres ONG ont pris le relais : « Bamboo’s Secret », qui a d’ailleurs sa propre plantation, enseigne, notamment à des femmes seules, comment transformer le bambou en objets qu’elles peuvent vendre aux touristes ; « Habitat for Humanity » leur apprend à bâtir des maisons, travail jusqu’ici réservé aux hommes. 

Peter Coy – International New York Times – 10 juin 2022

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