Je vis, je meurs : je me brule et me noye,

J’aye chaud estreme en endurant froidure :

La vie m’est et trop molle et trop dure.

J’ay grans ennuis entremeslez de joye :

Tout à un coup je ris et je larmoye,

Et en plaisir maint grief tourment n’endure 

Mon bien s’en va, et à jamais il dure :

Tout en un coup je seiche et je verdoye.

Ainsi Amour inconstamment me meine :

Et quand je pense avoir plus de douleur,

Sans y penser je me trouve hors de peine.

Puis quand je croy ma joie être certaine,

Et estre au haut de mon désiré heur,

Il me remet en mon premier malheur.

 

Louise Labé (1524 – 1556)

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