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La crise du logement annoncée est bien là. Précarité, exclusion, insalubrité et bien souvent indignité et misère : elle est d’une violence folle dans la vie quotidienne de millions de Français.
Pensons aux étudiants qui doivent renoncer à leur formation parce qu’ils ne trouvent pas de logement – 12% selon une récente enquête -, aux quelque 2 000 enfants dans la rue, aux 895 000 personnes sans domicile en Europe, dont 330 000 en France, aux 2,4 millions de ménages en attente d’un logement social.
Pensons aussi aux femmes victimes de violences qui n’ont pas d’autre choix que de rester, souvent avec leurs enfants, sous le même toit que leur bourreau car elles ne peuvent pas se payer un loyer ou trouver un logement facilement.
Pensons aux forces de l’ordre, aux soignants, aux enseignants contraints d’habiter à 40, 50 km, ou plus, de leur travail. Aux trentenaires, voire aux quarantenaires qui, malgré leur emploi, vivent chez leurs parents, quand ils ne dorment pas dans leur voiture, parce que se loger est devenu trop cher.
Rein n’est mis en œuvre pour en sortir. Procrastination, intellectualisation, théorisation, dogmatisme, attentisme : chacun de ceux des acteurs du logement qui pourraient joindre leurs efforts en vue d’un vrai plan global logement, fort de mesures d’urgence et de mesures structurantes, campe sur ses positions, qui se neutralisent les unes les autres.
Les Britanniques, chez qui la crise du logement est au moins aussi profonde, viennent de montrer la voie : ils ont débloqué 100 000 logements neufs en atténuant les contraintes (notamment environnementales) et en simplifiant les procédures. Les Allemands suivent le même chemin.
Pendant ce temps, la France s’apprête à retirer une partie massive du parc locatif dans les grandes villes : celle liée au diagnostic de performance énergétique, G,F,E…
Jacques Ehrmann, directeur général d’Altarea – Les Echos – 18 octobre 2023