Photo: Nadine B

 

Nous sommes tous diététiciens. Les aliments transformés, c’est mal : ils sont mauvais pour la santé, contribuent à l’épidémie d’obésité et détruisent la planète en éradiquant les cultures traditionnelles. Nous en avons en particulier contre la « junk food » industrielle : snacks en paquet, sodas, céréales sucrées toute prêtes, boissons énergisantes, barres sucrées… La montée du blâme accompagne fidèlement celle de la consommation. Dans l’imaginaire collectif, tout cela, conséquence néfaste de l’industrialisation, est mal et n’existait pas autrefois. 

Mais vous ne connaissez pas Sylvester Graham. C’était un pasteur presbytérien américain qui, au milieu du XIXe siècle, engagea le combat contre les boulangers. Ces derniers, à son point de vue, fabriquaient leur pain blanc – le préféré de ceux qui avaient les moyens de l’acheter – à partir de farine de mauvaise qualité, à laquelle ils ajoutaient toutes sortes d’additifs chimiques, de la craie, du plâtre et de l’argile, pour améliorer la couleur du pain et en augmenter le poids. Il recommandait de faire soi-même, à la maison, un pain à la farine complète, avec du son. Comme il recommandait aussi la chasteté dans le mariage, il fut littéralement chassé de sa ville par les boulangers et les maris.

Jacob E. Gersen – International New York Times – 13 juillet 2023

Print Friendly, PDF & Email