« Que faire de tous ces mots qui font la une des journaux, les titres des livres et les thèmes de toutes les campagnes : déclin, décadence, faillite, éviction, déclassement, colonisation, identitaire, repli, mosquée, remplacement, islam, imam, prison, civilisation, voile, djihad, agression, islamophobie, banlieues, territoires, incompétence, amateurisme, franchouillardise, féminisation, rebeu, LGBT, Gafam, racisme, woke, anti-Blancs, antisémitisme, antisémite, antisioniste, Allah, juifs, haine, chrétiens, musulmans, terrorisme, attentat, blasphème, minorités, victimes, église, sourates, tags, incivilités, égorger, repères, autorité, souveraineté, coran, hadiths, halal, haram, harem, matérialisme, spiritualité, endettement, Europe, Mahomet, Mohamed, messager, inch’Allah, mondialisation, président, pacotille, ministres, rabais, bureaucratie, corruption, émigration, statistiques, démographie, délinquance, experts, télés, presse, subventions, libération, Cassandre, lanceurs d’alerte, rap, indigène, patriote, bobo, islamo-gauchiste, communication, langue de bois, gilets jaunes, dissidence, guerre civile, cheval de Troie, repentance, victimisation, Algérie, Afrique, Allemagne, Bruxelles, Maastricht, Brexit, frexit, Qatar, La Mecque, Chine, Poutine, Erdogan, députés, pantouflard, Daech, génocide, etc.
La profusion ne dit rien, elle saoule. Multiplier les noms ne fait rien d’autre qu’ajouter au malheur du monde. »

Boualem Sansal, romancier algérien – Le Figaro – 26 mai 2021

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