Dans les rues le désert
On n’y voit de lumière
Étoilant le trottoir
Que le faisceau jauni tombé d’un réverbère

Silence

Seule déchire la nuit
La sirène stridente
D’un camion de pompiers
Ou bien d’une ambulance
La lueur de ses phares si vite disparue
Qu’on pense avoir rêvé
Ne reste d’autre son que celui des talons
De l’ombre emmitouflée
D’une femme qui passe ou peut-être s’enfuit

Couvre-feu

 La rumeur amicale et joyeuse des bars
Cette foule animée qui s’y pressait jadis
Et partageait gaiement
Une ivresse légère
Où sont-elles enfuies ?
Les squelettes des chaises
Érigés sur les tables
Le noir la solitude
Ont transformé ces lieux
De chaleur et de vie
En obscurs cimetières
Que longent sans mot dire
Nos fantômes masqués
Nos ombres solitaires

 Liberté perdue

Hâte-toi de rentrer
Tu vas dépasser l’heure
Ou bien le kilomètre qu’avec parcimonie
Des génies malveillants
T’ont tout juste accordé
L’ombre d’un policier te fait raser les murs
Malédiction !
Aurais-tu oublié
La dérogation
Qui juste t’autorise à faire pisser ton chien ?
Rentre vite chez toi avant d’être puni
Pour avoir respiré… Si peu… l’air de la nuit

 

Jean Recoing

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