Dans des grottes de l’île indonésienne de Bornéo des archéologues ont trouvé les plus anciennes peintures rupestres figuratives. Elles datent d’il y a 40 000 ans au moins, c’est-à-dire 20 000 ans avant Lascaux. Dans la même région, ils ont aussi mis au jour dans une tombe vieille de 31 000 ans, les restes d’un jeune homme qui a bénéficié de la plus ancienne amputation chirurgicale connue. 

Il a été inhumé avec soin. Son squelette est presque complet. Il manque cependant le pied gauche et une partie du tibia et du péroné. L’os présente une coupe nette et oblique. Le remodelage osseux indique que le patient a été opéré dans son enfance et a survécu six à neuf ans à cette opération. Il semble, d’après d’autres fractures, qu’il soit tombé de haut et qu’on ait dû lui couper le pied pour assurer sa survie. Les grosses artères passant à ce niveau ont sans doute été ligaturées ou coagulées pour stopper l’hémorragie. Aucune trace d’infection osseuse n’a été trouvée ce qui implique des soins précautionneux, un nettoyage régulier de la plaie, une protection contre les salissures. Et pour ce faire ces hommes ont sans doute trouvé des plantes dans la forêt tropicale. Dans cette zone montagneuse, l’amputé ne pouvait plus se déplacer tout seul, il a donc fallu l’accompagner et l’aider. Preuve d’une solidarité très ancienne elle aussi.

Soline Roy – Le Figaro – 8 septembre 2022

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