Nuits froides
Oui les nuits de décembre sont les plus longues nuits
Et le froid s’y aiguise en des flaques gelées
Nuits noires que la neige ne blanchit qu’à peine
Pour qui n’a pas toit
Pour qui n’a pas de lit ni même un peu de laine
Les trottoirs sont glacés
Seuls sans corps amoureux qui les puisse chauffer
On les voit allongés gisants de chambres froides
Ou recroquevillés comme des oiseaux morts
Cachés au creux des porches
Leurs ventres crient la faim
Leurs doigts que le gel engourdit
Serrés au fond des poches
Ils ne demandent rien
En auraient-ils la force
Des couples enlacés ne les voyant qu’à peine
Font un pas de côté
Pour ne pas déranger
Ces paquets de misère qui n’ont plus d’humain
Que souffrance et que solitude
Jean Recoing