Ce serait une nuit…
Un fossé de dormir aux nuages de rêves.
Ce serait une nuit où tu t’avancerais toute enrobée de brumes où tu t’avancerais à toucher mon regard où tes yeux demi clos filtreraient des foisons d’océans infinis d’algues brunes ondulantes bercées de ressacs où des vagues infimes frissonneraient ta peau.
Ce serait une nuit où tu t’enroulerais dans le carmin des draps répandant tes parfums dans la soie et le lin. Aveugle sourd et muet j’attendrais dans le sombre où ton rêve m’apporte m’emporte au trou noir mangeur de galaxies et des millions d’étoiles jailliraient de tes doigts et des comètes froides.
Ce serait une nuit de fureur et de sang mille blessures ouvertes mille corps cabossés fracassés amputés enroulés en spirale assoiffés de t’attendre mille corps amoureux jusque dans l’incendie mon cerveau ravagé orage dans tes yeux ouragans de folie arc d’Ulysse tendu flèche vers l’infini. Pas trop lourds englaisés éternité d’attente éternité si lente éternité silence voix perdue ô parole égarée.
Ce serait une nuit d’incendie je me consumerais… Salamandre obstinée tu soufflerais mes braises disperserais mes cendres dans les vents des moussons j’éteindrais le soleil pour que vienne la nuit où tu t’avancerais à frôler mon regard.
Jean Recoing