Le concept de temps ne nous est pas naturel, mais nous en avons besoin. Il est indissociable de l’observation de la nature. Quel que soit l’endroit où l’on habite, on peut observer le cycle de vie des plantes et les phases de la lune. Quand les êtres humains ont-ils commencé à enregistrer le passage du temps ? Quand ont-ils pu élaborer à partir de là des plans pour l’avenir ? Les preuves les plus anciennes de l’intérêt pour le passage du temps ont été trouvées en Mésopotamie et en Egypte. On connaît des calendriers égyptiens à partir de papyrus de l’époque romaine. Mais de quand datent-ils ? Des indices montrent qu’ils étaient utilisés dès 3 000 ans avant notre ère. 

Il est possible que le calendrier égyptien ait été élaboré, au moins en partie, à partir d’un calendrier mésopotamien lunisolaire : le mois commençait à la nouvelle lune, durait 29 ou 30 jours. Comme on savait que le cours du soleil comportait 365 jours, on compensait la différence en ajoutant périodiquement un mois à l’année. En Europe, des mégalithes et d’autres monuments témoignent de connaissances analogues. Ainsi il y a 3 200 ans, a été érigé en Irlande un tumulus funéraire où un rayon de soleil pénétrait une fois par an. Les fameux mégalithes de Stonehenge, créés 2500 ans avant notre ère obéissent au même principe. 

Beaucoup plus tôt, il y a environ 40 000 ans, ont été réalisée les peintures pariétales de Lascaux, Chauvet, Altamira. Une théorie établit une relation entre les points et le souci d’un calendrier : les hommes étaient chasseurs et cueilleurs. Ils avaient besoin de savoir, par exemple, quand les saumons remonteraient les rivières, quand naitraient les poulains sauvages… Et l’invention de l’agriculture a donné une nouvelle et définitive impulsion à l’observation du passage des saisons.

Esther Widmann – Neue Zürcher Zeitung – 1er mars 2023

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