La ville de Nagi, au Japon, est célèbre pour le taux de fécondité de sa population : 2,68 naissances par femme, contre 1,3 dans le reste du pays. Des équipes d’experts en provenance d’un peu partout s’y sont rendues pour apprendre la formule magique. S’agit-il du système de santé, avec soins gratuits pour tous les enfants ? Du prix modeste des garderies ? De l’allocation versée aux jeunes mamans ? Mais on a beau appliquer ces recettes ailleurs, elles ne fonctionnent pas… 

Et si les gens de Nagi avaient des enfants parce que les autres gens de Nagi ont des enfants ? Il s’agirait alors du « peer effect » ou « influence des pairs » bien connue des économistes. L’homme est en effet un animal grégaire. Cet effet jouerait sur l’obésité, le tabagisme, l’alcoolisme. En matière d’éducation, de jugements envers les autres, de mariage ou de divorce, de tendances à commettre ou non des crimes, nos décisions sont autant sociales qu’individuelles. Nous avons une propension à imiter les membres de notre famille, nos amis et même les inconnus que nous croisons. L’influence des pairs expliquerait aussi la baisse de fécondité dans la plupart des pays du monde : les gens ont moins de bébés parce que les autres ont moins de bébés. 

Bref, qui se ressemble s’assemble… et qui s’assemble se ressemble.

Peter Coy – International New York Times – 26 avril 2023

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