Les circonstances sont caractérisées par des succès inespérés comme la découverte en un temps record de vaccins contre le Covid, et des raisons graves de s’inquiéter : le réchauffement climatique, les menaces sur la biodiversité, la montée du niveau des océans, les ouragans… Il paraît de moins en moins évident que la tranquillité à laquelle nous aspirons tous soit au rendez-vous dans les prochaines années. 

Les menaces sont habituellement traitées sous l’angle d’un immense « nous » collectif. Elles sont censées être gérées par l’opérateur majeur, l’Etat. L’individu, cet humble « vous et moi », a vocation à accepter et subir. Il devrait en aller de même cette fois.  

Mais il y a lieu de prendre en considération quelques données qui font aussi partie du sujet. 

Les problèmes qui pourraient se poser dans un avenir rapproché ne sont peut-être pas à la portée des Etats, voire de tous les Etats réunis. Nous en avons eu de premières illustrations avec les méga-incendies du printemps et de l’été, si difficiles à combattre. Sans même parler de la mise en mouvement de populations qui ne peuvent plus rester là où elles vivaient… 

Les enjeux sociaux seront critiques, alors que les sociétés subissent déjà de vives tensions. Le débat sur l’égalité se situe dans ce contexte. On doit se demander quel impact exerceront bientôt les nouvelles idéologies conquérantes et pourquoi la jeunesse étudiante, entre autres, s’en fait le porte-drapeau. On ne peut manquer de se rappeler que des circonstances difficiles rendent possible l’accès au pouvoir de minorités intransigeantes. C’est ce qui est arrivé par exemple au temps de Savonarole ou de la Terreur, cette dernière ayant servi de modèle à Lénine, avec un bilan qui se chiffre en dizaines de millions de morts. 

Dans le monde entier, des chantiers herculéens seront nécessaires. Les plans des gouvernements et des organisations internationales, les discours sur la transition énergétique, des mesures comme la taxe carbone sont des armes bien frêles en regard des événements qui, nous dit-on de toute part, sont inéluctables.

Tout va dans le sens de la soumission, en raison d’une nécessité supérieure, de populations auxquelles on applique encore la dénomination de citoyennes. Les projets personnels doivent s’inscrire dans un étau de contraintes qui ne cesse de se resserrer, au nom des bons sentiments plaidés par des experts et les médias. Craintes et fantasmes remplacent l’espoir qui accompagnait toujours la perspective de l’avenir. Allons-nous renouer avec ces pratiques déplaisantes, constantes dans l’Histoire, qu’ont subi si souvent des masses humaines subordonnées ? 

Décidément, il faudrait peut-être repenser la notion si noble de citoyenneté, qui a trop longtemps fait bon ménage avec la soumission. Et en tout cas trouver des réponses sortant des schémas courants.

Proposition improbable, dont je perçois les multiples limitations historiques et contemporaines, mais qui mériterait d’être approfondie : nous avons peut-être, à notre époque, la possibilité d’explorer une autre voie, celle de l’autonomie de personnes capables d’intervenir sur leur propre destin. 

Armand Braun

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