Les trois mots de Liberté, Égalité, Fraternité, sont apparus dans le langage des révolutionnaires à partir de 1790 et ont été inscrits dans le préambule de la Constitution de 1848 : « La République française a pour principes la Liberté, l’Égalité et la Fraternité ». Cette devise exprime le projet idéal de la République. Son effacement pendant la Seconde Guerre mondiale a fait ressortir avec d’autant plus de force sa résurrection à la Libération.
Nous sommes en 2021, tout s’est transformé, tout continue de se transformer. Qu’en est-il aujourd’hui de la devise nationale et des valeurs qu’elle porte ?
Le thème sensible de nos jours, c’est l’égalité. Nous sommes égaux en droits à la naissance alors même que nous sommes tous différents.
Mais les jeunes sont convaincus qu’ils ne connaîtront jamais l’aisance matérielle dans laquelle ont vécu les boomers. L’égalité est, aujourd’hui comme hier, confondue avec l’égalitarisme.
La fraternité a été mise en valeur par la pandémie. Une fraternité choisie, une amitié, une forme vraie et spontanée de solidarité, dont la sympathie manifestée par les Français vis-à-vis des soignants a constitué une illustration exemplaire.
Mais la fraternité est mise en péril par les divisions de la société, elles aussi de tous les temps mais qui s’approfondissent.
Quant à la liberté, valeur suprême en France, objet de toutes les célébrations, elle a toujours donné lieu à un débat : entre la liberté de la nation et la liberté des personnes, quelle primauté ? Il peut être indispensable de sacrifier sa propre liberté lorsqu’il s’agit de lutter pour la survie de la nation ou contre les injustices, mais la liberté des personnes est consubstantielle de la culture française. Et en arrière-plan se profile le débat intemporel entre liberté des personnes et liberté du pouvoir.
Différents signes révèlent que nous subissons peut-être une certaine « fatigue de la liberté ». Toutes les sociétés, pendant la pandémie, ont subordonné la liberté à la sécurité sanitaire. La discipline, certes décisive, a pris le pas sur l’autonomie des personnes. L’emprisonnement dans les EHPAD de centaines de milliers de retraités a montré que la privation de liberté d’honnêtes citoyens peut être imposée au nom des meilleurs sentiments.
Cette subordination momentanée de la liberté à d’autres valeurs doit nous alerter. Elle est en rupture avec le passé, elle peut servir de précédent dans l’avenir.
Dans quelques semaines, nous célébrerons la Fête nationale. Le 14 juillet serait-il l’occasion de raviver le sens de notre devise ?
Armand Braun