Toutes les bonnes fées avaient rendez-vous en Norvège il y a une cinquantaine d’années pour répondre à cette question : comment faire en sorte que tous les Norvégiens puissent bénéficier dans la longue durée des recettes futures de l’immense gisement sous-marin de pétrole que l’on venait de découvrir ? Un fonds souverain d’investissement étatique fut alors créé. Aujourd’hui, ce fonds gère 1.075 milliards d’euros, soit 200.000 euros par habitant. Seule parmi les nations, la Norvège dispose d’un tel pactole. 

Oui, mais voilà ! D’une part, les réserves pétrolières norvégiennes tendent à décliner, d’autre part, l’Agence internationale de l’énergie recommande aux États et aux entreprises de ne plus investir dans de nouvelles installations pétrolières et gazières. Parce que la Norvège anticipait ce tournant, elle a largement et sagement diversifié ses choix stratégiques ailleurs et dans d’autres activités. 

Comment faire maintenant ? C’est la question que le pays va devoir traiter, avec mille sujets – les rythmes, les impacts sur les territoires, les milieux, les générations, l’économie, le niveau de vie, la vie politique – qui donneront lieu à des enchaînements de causes et d’effets imprévisibles à différentes échéances. Sans parler de ce que sera le contexte international, ni évoquer l’ombre qui plane d’un puissant voisin. 

Le monde entier observera ce qui se passera car nous serons tous, avant peu, confrontés à des dilemmes semblables.  

Rudolf Hermann – Neue Zürcher Zeitung – 30 mars 2021
Prospective.fr

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