Ils sont nombreux à prétendre détenir la vérité et à la proclamer avec véhémence. Oui, mais voilà… Sur cette question qui justifierait, au minimum, un épais traité de philosophie, je me contenterai d’illustrer mon doute par deux exemples.

Pour les uns, les Australiens ont raison de chercher à réduire le nombre des kangourous, avec lesquels ils rencontrent, à une échelle bien supérieure, le même problème que les régions de France dévastées par les sangliers. C’est une chasse raisonnée : elle est limitée, on ne touche pas aux femelles, les kangourous sont abattus d’un seul coup de fusil, et seulement dans les régions où la population est trop nombreuse. Par ailleurs, leur viande est moins polluante que celle des bovins car les kangourous ne rotent pas.

Pour d’autres, surtout aux Etats-Unis, la chasse aux kangourous est immorale. Il faut boycotter l’importation des produits provenant de cette chasse, depuis la nourriture pour animaux de compagnie jusqu’aux chaussures de sports. David Beckham a donné le ton en approuvant la campagne : « Kangaroos are not shoes ». 

Le débat sur les éoliennes et les panneaux photovoltaïques est plus connu dans nos régions que l’affaire des kangourous, mais la problématique revient au même : c’est bien et c’est mal. 

Pour les uns, éoliennes et panneaux ont toutes les vertus : ils produisent de l’électricité à partir d’une énergie naturelle, sans cesse renouvelée, la puissance du vent et la lumière du soleil. 

Pour les autres, la production qu’ils assurent est aléatoire, coûteuse. Leurs équipements nuisent à la beauté des paysages, sont sources de nuisances sonores, mettent la faune en danger. 

Chacun est sûr d’avoir raison… Ensemble, ils ignorent ou oublient ce que disait au XVIIe siècle Blaise Pascal : « à la fin de chaque vérité, il faut ajouter qu’on se souvient de la vérité opposée. »

Je n’irai pas plus loin. Je ne vous rappellerai pas la vieille blague qui dit que pour le Dr Scholl, tout est dans les pieds ; pour Freud, tout est affaire de sexe ; pour Marx, tout est question d’argent ; pour Einstein…. tout est relatif ! 

Et nous qui avons tous, quotidiennement, dans toutes sortes de domaines, à trancher entre le vrai et le faux, comment faire ? Où est la vérité ? La bonne réponse est : je ne sais pas. Ce qui compte, ce ne sont pas les réponses mais le questionnement lui-même. Un questionnement qui doit se faire tranquillement, par la réflexion et le dialogue.  

Que celui ou celle qui détient la vérité et peut le prouver lève le doigt, je lui enverrai une boîte de chocolats. 

Hélène Braun

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