« Il est bon que le public comprenne que la science ne produit pas des vérités. Elle se dirige vers la vérité, qu’elle n’atteint jamais complètement. Cela signifie qu’il y a toujours de la place pour l’erreur, l’incertitude et le doute. C’est toujours mauvais quand les politiciens disent avoir pris des décisions en accord avec la science. Cela ne veut absolument rien dire. De quelle science parlez-vous ? Quelles preuves ? Quelle incertitude ? À quel point êtes-vous sûr des résultats ? La  » science  » dans ce sens-là est une invention des politiciens pour se protéger des critiques. Donc, nous devons expliquer qu’une telle chose, la  » vérité  » ou la  » science « , cela n’existe pas. Il y a seulement des probabilités, et des possibilités.

Si le Covid-19 a détruit l’illusion que la science dit toujours la vérité, c’est une bonne chose. Mais – et c’est un grand mais – cela ne devrait pas engendre une perte de confiance dans la science. Bien au contraire : montrer la réalité de ce qu’est la science, la montrer dans son humilité, devrait renforcer la confiance que le public devrait avoir envers elle. Cette crise est une opportunité pour la communauté scientifique de réécrire le contrat entre la science et la société. C’est très important. Et c’est le moment de le faire. »

Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet – propos recueillis par Paul Benkimou – Le Monde – 24 juin 2020

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