Dans la rue, dans les lieux publics, dans les transports en commun, au supermarché, très tôt le matin et jusqu’à tard le soir les sons vous submergent. Pour l’explorateur norvégien Erling Kagge, le silence est peut-être tout simplement le plus grand des luxes à l’heure actuelle. Le bruit ambiant pourrait être responsable de bien des maux en termes de santé mentale, physique et cognitive. À l’inverse, le silence serait à même de diminuer notre pression artérielle, notre fréquence cardiaque ainsi que notre niveau de stress.
En 2014, Timothy Wilson, du département de psychologie de l’université de Virginie, a découvert que les étudiants n’appréciaient pas de réfléchir en silence. Nous avons du mal à accepter d’être seuls avec nous-mêmes. Regarder la télévision ou se ruer sur son téléphone apparaissent ainsi comme des activités bien plus agréables que de se tourner vers soi-même pour penser seul.
On ne le répétera jamais assez : le cerveau, pour consolider les souvenirs, pour être créatif, pour résoudre des problèmes, pour se concentrer, a besoin de vagabonder, de flotter librement dans le silence.
Sylvie Chokron, directrice de recherche au CNRS, Laboratoire de psychologie de la perception, université Paris-Descartes et fondation ophtalmologique Rothschild – Le Monde – 6 septembre 2023
À lire : Alain Corbin – Histoire du silence. De la Renaissance à nos jours (Albin Michel, 2016)