La Californie avait tout pour elle : la beauté, le climat, la prospérité, les puissants moteurs de développement que sont Hollywood et la Silicon Valley. Elle attirait le monde entier : « Les rues étaient pavée d’or et n’importe qui pouvait y être quelqu’un, c’était le pays de l’avenir », se rappelle Adrian Dove, longtemps le patron du Kingdom Day Parade à South Los Angeles. Début 2020, la population de l’État atteignait 40 millions de personnes et 10 millions d’autres étaient attendues pour les décennies à venir.
Et puis, avec la pandémie, le flux s’est inversé. On prévoit maintenant que la population pourrait stagner pendant quarante ans. Le Golden State doit se repenser. Les loyers ne cessent d’augmenter. Des campements de SDF prolifèrent. La classe moyenne disparaît.
Les explications sont connues : le taux de fécondité a diminué car les couples attendent plus longtemps pour avoir des enfants ; il y a de plus en plus de personnes âgées. Mais la variable la plus critique concerne la migration : beaucoup moins l’immigration que l’émigration. De nombreux professionnels vont vivre et travailler dans des États voisins où la vie coûte moins cher. La rareté relative des jeunes et des immigrants réduit la force de travail et la consommation, menaçant le dynamisme passé. Enfin, la Californie subit la dramatique alternance de sécheresses et d’inondations.
Il faut quand même nuancer tout cela. La Californie reste l’État le plus peuplé des États-Unis avec dix millions d’habitants de plus qu’au Texas. Les fondements de l’économie, les équipements – entre autres touristiques – sont stables, beaucoup de domaines continuent de bien se porter. C’est la perspective qui perd de son prestige.
Corina Knoll – International New York Times – 30 août 2023