Depuis les années 1970, un tiers des oiseaux ont disparu dans le monde. La faute au dérèglement climatique, à la déforestation, à la fragmentation des écosystèmes, aux insecticides, au vagabondage des animaux familiers, à la pollution lumineuse et sonore, aux déchets plastiques, aux éoliennes, aux gratte-ciel érigés sur les voies migratoires… et autres effets de l’anthropocène.
Même en nombre décroissant, les oiseaux sont bien plus nombreux qu’on ne le perçoit. Ils se cachent au plus profond des feuillages, passent trop vite en un frémissement d’ailes et un éclair de couleurs. Des applications pour smartphone qui permettent de les identifier – iNaturalist et Merlin Bird ID aux Etats-Unis, Cuicui en France – sont apparues juste au bon moment, lorsque le confinement a poussé les gens à s’y intéresser. Une vocalise d’un oiseau dans votre cour, la cour du voisin, l’arbre de l’autre côté de la rue, et l’appli vous donne son nom et affiche sa photo. C’est comme si des fées ou des anges devenaient soudain visibles.
Remarquer les oiseaux, les observer, c’est en devenir amoureux. Or c’est l’amour qui motive l’espèce humaine. Nos œuvres les plus belles ont été créées par amour. Nos efforts les plus grands sont dus à la peur de perdre ceux qu’on aime. C’est peut-être l’amour qui sauvera les oiseaux et le monde.
Margaret Renkl – International New York Times – 27 juin 2021