Clermont-Ferrand, Guéret, Chambéry, Toulouse, Colmar, Niort… de plus en plus de villes coupent les lumières publiques de minuit à 5h30 du matin. Le Covid et les confinements, la hausse du coût de l’énergie, l’impact de la pollution lumineuse justifient cette mesure. La législation sur l’extinction des vitrines et des bureaux, qui date déjà de 2016, commence enfin à être appliquée.

Un tiers des vertébrés et plus des deux tiers des invertébrés ont peur de la lumière. Les oiseaux migrateurs se dirigent d’après le champ magnétique de la Terre et la voûte céleste. Les lumières artificielles les détournent de leur chemin et ils se perdent. Le faisceau lumineux de la Tour Eiffel entraîne des collisions d’oiseaux.

L’homme aussi a besoin de la succession du jour et de la nuit pour réguler son rythme circadien éveil/repos de 24 h. La mélatonine, hormone secrétée uniquement pendant la nuit, est sous le contrôle de notre horloge principale, elle-même remise à l’heure par la lumière. Que cette horloge se dérègle à cause d’horaires décalés ou de lumière intempestive, et c’est la santé qui est en jeu.

A ceux qui objectent que l’éclairage public des villes était au départ une mesure de sécurité, on objectera que dans les communes où l’extinction des éclairages publics a été mise en place, aucune augmentation de la criminalité ou des accidents de circulation n’a été observée.
Enfin, nous pouvons retrouver la magie de la nuit. C’est pourquoi des noctambules organisent des randonnées nocturnes. Ils réapprennent à s’orienter dans le noir, à chuchoter, à écouter les bruits de la nature. Et sont récompensés par la découverte d’une petite grenouille en ville et la contemplation du ciel étoilé enfin de nouveau visible.

Hélène Guinhut – Les Echos – 10 mars 2023

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