Les enseignants d’un collège privé fondé l’an dernier à Tokyo pour former des joueurs professionnels de jeux vidéo accueille une bonne vingtaine d’adolescents. Tous ne deviendront pas des joueurs professionnels, ils continueront à jouer pour leur seule distraction, et pourront s’investir dans d’autres domaines comme la programmation ou le design. 

Les enseignants se sont rendus compte que leur établissement réussissait dans un domaine encore plus important : la scolarisation des décrocheurs. C’est le phénomène du « futoko », pour ceux qui refusent simplement l’école, ou pire du « hikikimori » pour ceux qui restent reclus dans leur chambre. 

Ils sont particulièrement nombreux au Japon à cause de la pression : bons ou mauvais élèves, tous doivent avoir le même niveau et progresser au même rythme ; l’obligation de se conformer touche à tous les domaines, la couleur des cheveux, celle des sous-vêtements, la hauteur des chaussettes ou le droit de se couvrir quand on a froid ou de s’éventer quand on a chaud. D’où une anxiété chronique qui frappe les plus fragiles et les amène à finalement refuser totalement l’école. 

Le lycée e-sport associe un enseignement traditionnel et un entraînement intensif aux jeux vidéo. Les lundi, mercredi et vendredi, on apprend, par la pratique, la théorie et la discussion, les stratégies des jeux vidéo les plus populaires. Les mardi et jeudi, on étudie les matières classiques comme les mathématiques, la biologie, l’anglais. La classe ne commence qu’à 10h. et on accepte la paresse et l’absentéisme. Mais peu à peu, les élèves les plus rétifs, se prennent au jeu : ils viennent à l’heure, éprouvent un sentiment d’appartenance, retrouvent leur optimisme.

Ben Dooley et Hisako Ueno – International New York Times – 4 mars 2023
https://www.nippon.com/fr/in-depth/g00831/

Print Friendly, PDF & Email