A part le piment d’Espelette, seule épice à avoir décroché une AOP, la France autrefois prospère dans la culture du piment, n’en produit plus que 200 tonnes par an, soit le cinquième de ses besoins. Les industriels sont donc contraints de se fournir à l’autre bout du monde : en Inde, en Thaïlande, en Ethiopie et en Chine. Or les besoins devraient augmenter de 5% au moins au cours des prochaines années notamment en raison de la vogue des cuisines orientales exotiques et épicées en Europe.

Alix et Joël Kautzmann, fondateurs d’une entreprise alimentaire de condiments, sauces et confits inspirées des traditions culinaires malgaches ont revendu leur société et sont devenus exploitants agricoles à l’Ile-sur-la-Sorgue, près d’Avignon. Leur objectif : refonder dans le sud de la France une filière capable d’assurer au pays sa souveraineté alimentaire dans le secteur. 

A Ponthoile, dans la Somme, Anne Poupart a lancé il y a un peu plus de dix ans, une production de safran biologique. Historiquement cultivé en Grèce et en Iran, le safran n’est pas un produit local. Mais Anne Poupart décide de tenter l’expérience. Son mari qui exploite en bio une centaine d’hectares de carottes, betteraves alimentaires, lin et pois, lui confie une petite parcelle. Elle y plante 15 000 bulbes. Il faut entre 150 000 et 200 000 fleurs pour produire un kilo de safran. La culture est délicate. Les fleurs, écloses dans la nuit, doivent être ramassées dans la journée et leurs pistils immédiatement prélevés à la main pour être séchés. Mais le safran se vend jusqu’à 35 000 € le kilo. D’autres producteurs s’y sont mis dans les Hauts-de-France. 

Paul Molga et Guillaume Roussange – Les Echos – 15 novembre 2022

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