Le psychiatre David Gourion confie que des écrivains l’ont sauvé et qu’il a appris sa spécialité autant dans la littérature qu’au lit des malades et auprès de ses maîtres. Son auteur préféré est Albert Camus. Il relit régulièrement Le mythe de Sisyphe : « Nous sommes tous ce Sisyphe qui roule s
a pierre sans savoir pourquoi et en sachant que cela finira mal », dit-il. Mais de Camus il retient aussi cette phrase : « Je ne connais qu’un devoir, et c’est celui d’aimer. » Toutes les passions humaines se retrouvent dans Homère, Sénèque, Dostoïevski, Nietzsche, Proust… Il faut lire beaucoup pour être un bon psychiatre et il faut savoir prescrire la lecture.
Prescrire la lecture, c‘est ce que font de plus en plus de psychothérapeutes. Ils proposent à leurs patients de s’identifier à des héros de livres, à leurs succès, à leurs échecs. En se transportant dans un monde imaginaire, on comprend mieux ce qui nous arrive.
Comme l’expliquent les « bibliothérapeutes » britanniques Ella Berthoud et Susan Elderkin, vous pouvez être aidé par une idée ou une attitude d’un personnage qui se trouve dans le même embarras que vous. Ou bien c’est tout simplement « l’histoire ou le rythme de la prose qui charment ». Elles associent des centaines de souffrances avec autant d’œuvres de la littérature mondiale. Leur pharmacie contient « des baumes balzaciens, des garrots tolstoïens, des onguents de Saramago, des purges de Perec et Proust… »
« La prochaine fois que vous aurez besoin d’un remontant, prenez un roman ! »
Robin Schwarzenbach – Neue Zürcher Zeitung – 14 novembre 2019
Florence Rosier – Le Monde – 2 octobre 2019
Ella et Susan Elderkin – Remèdes littéraires – adapté par Alexandre Fillon – JC Lattès – 2015