C’est un prototype hors du commun que teste à Strasbourg, auprès de l’équipe Éthologie cognitive et sociale de Valérie Dufour au CNRS, la start-up marseillaise Birds for Change : une poubelle qui permet aux pies, corbeaux, corneilles et choucas de ramasser nos ordures au sol. « Notre machine est dotée d’un système autonome de récompense : un oiseau conditionné reçoit une ration de nourriture chaque fois qu’il y place un déchet qu’il a récolté, mégot, canette ou papier gras », explique Jules Mollaret, cofondateur de cette entreprise née pendant le confinement. Le caractère social du volatile fait le reste : en regardant leur congénère, d’autres vont à leur tour expérimenter l’objet et, rapidement, plusieurs dizaines d’oiseaux pourraient jouer les éboueurs dans nos rues, sur les plages ou les pistes de ski.

L’expérimentation se fonde sur les travaux du chercheur Joshua Klein, qui a montré en 2008 avec sa « crow machine » qu’il est possible de dresser ces oiseaux réputés pour leur intelligence à rapporter des objets en échange de cacahuètes. Des étudiants du Département Génie électrique et informatique industrielle de l’IUT de Lille ont repris ses travaux en 2015 et confirmé la capacité d’apprentissage des corvidés de génération en génération.

La machine de Birds for Change est équipée d’une caméra couplée à une intelligence artificielle pour discriminer un déchet d’une branche, d’un caillou, etc. dont seraient capables de se servir les éboueurs ailés pour obtenir une récompense.

Paul Molga – Les Échos – 4 janvier 2021

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