Dans les régions tropicales côtières, à la limite des eaux de mer et des eaux douces, il est un écosystème magique : la mangrove, une forêt qui se développe dans l’estran. Elle réduit la force des marées, capture le gaz carbonique, est zone de culture et de pêche.
Mais le changement climatique assorti de cyclones est quelquefois trop fort pour elle. C’est ainsi que la plus grande forêt de mangrove du monde, dans le delta du Gange, à cheval sur l’Inde et le Bangladesh, a été fortement mise à mal. Des centaines de villages ont vu leur vie menacée. Les crocodiles rôdent près des habitations, les poissons disparaissent, le riz ne pousse plus dans les terres humides devenues trop salées. Les hommes partent travailler à la ville. Depuis 2013, ce sont les femmes qui, avec l’aide d’une ONG, sèment des palétuviers, les cultivent, puis les replantent. Elles ont surmonté les oppositions familiales (« qui va rester pour s’occuper de la maison ? ») et ont demandé à être vêtues d’un uniforme pour inspirer le respect, un sari vert. La mangrove se reconstitue peu à peu avec tous ses effets heureux.
Suhani Raj – International New York Times – 15 avril 2022
Lire à ce sujet « Les mangroves conquièrent de nouveaux territoires »