« Les hommes de mon âge, surtout dans mon métier, ont tendance à vouloir paraître plus jeunes qu’ils ne le sont. Lorsque je vais à Hollywood, je n’arrive pas à reconnaître la moitié de mes amis : ceux qui étaient chauves portent à présent des cheveux joliment cousus, ceux qui sont encore chevelus ont des boucles rousses qui leur tiennent les oreilles au chaud. Et ils portent tous des jeans délavés et, autour du cou, des trucs en or au bout de longues chaînes. Il n’y a plus de vieux messieurs, Playboy et Penthouse ont à eux deux propagé une image idéale d’adolescent éternel, auquel ils veulent tous ressembler : bronzés, retapés par le sauna, sans cheveux blancs, ils se prennent tous pour Dorian Gray.

Or les jeunes ont besoin des vieux. Ils ont besoin d’hommes qui n’ont pas honte de leur âge, qui ne sont pas de pathétiques imitations d’eux-mêmes. Les parents sont les os sur lesquels les enfants se font les dents. C’est vrai aussi des enseignants. A quoi servent ces os s’ils sont mous, s’ils laissent apparaître leur moelle quand on les mord un peu, s’ils ne sont pas durs, et pourquoi pas, même incassables ? »

Peter Ustinov – 57 ans à l’époque – « Dear me » (Londres 1977 – « Cher moi », Stock 1978)

Print Friendly, PDF & Email