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L’un après l’autre, les endroits où l’on parle disparaissent. Dans les gares, plus de guichets tenus par une personne à qui acheter son billet et obtenir des informations sur les possibilités de trajets, que des billets sur Internet ou à un distributeur ; les banques vous encouragent à réaliser toutes vos transactions vous-même en ligne ;  dans les magasins, de moins en moins de caissiers humains, de plus en plus  de caisses automatiques où scanner soi-même les codes-barres, puis peser et poser soi-même les articles ; les services après-vente sont d’abord des « chats » qui vous fournissent des réponses toutes faites et c’est un parcours du combattant pour avoir une voix humaine au téléphone ; et l’on trouve de moins en moins de bistros où les habitués se rencontrent autant pour faire la causette et rigoler ensemble que pour boire un pot…

Dans les textos, on remplace la description des sentiments par des émojis : le visage pleure-t-il parce qu’il est triste ou pleure-t-il de rire ? En tout cas, la qualité du message est singulièrement appauvrie. 

Parler ensemble est le premier ciment social. Les gens ont besoin de se retrouver pour communiquer. On se réunit encore pour les fêtes ou pour des spectacles… La foule solitaire, nous y sommes. 

Déjà, en favorisant la myopie, les écrans font la fortune des opticiens. Demain peut-être, nous développerons de longs doigts adaptés aux claviers et perdrons nos cordes vocales.

Sheila Hancock – Prospect – Novembre 2023

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