Avec l’épidémie et le confinement, un quart des salariés français est passé au télétravail en deux jours. Ainsi s’est révélé brutalement le champ des possibles en formidable expansion avec les technologies de l’information : miniaturisation, Internet, téléphonie mobile, applications de téléconférence…

Jusqu’au XVIIIe siècle, le travail était rythmé par l’alternance des jours et des nuits et les saisons. Puis il y eut la révolution industrielle : les tâches s’enchaînent, les ouvriers doivent être présents tous en même temps et, grâce l’électricité, apparait le travail en continu.

Avec la révolution numérique, il est devenu possible d’organiser autrement une bonne partie du travail. Le téléspectateur regarde son programme quand il veut, où il veut. De même, beaucoup de travailleurs peuvent désormais exercer leur activité où ils veulent, quand ils veulent, sans nuire à la qualité de leur prestation. Et beaucoup y aspirent.

Bien sûr, le travail à distance a des limites. Il est plus difficile de former le jeune qui arrive ou le salarié qui prend un nouveau poste quand il est seulement en ligne. La culture d’entreprise risque de s’affaiblir. Il y a ceux qui s’épanouissent dans cette forme de liberté et ceux qui auraient eu besoin d’être plus encadrés.

En tout cas, très nombreux sont les salariés qui ont pris conscience qu’ils n’ont pas besoin d’être au bureau de 9h à 18h pour être efficaces. Même après le confinement, les entreprises vont devoir passer de la production de masse au travail sur mesure.

De manière inattendue ce contexte qui est loin d’être globalement défavorable révèle un nouveau problème. Depuis des décennies, on a multiplié les logements de petite taille. C’était le moyen d’aller au-devant des besoins de nombreuses familles. Mais le travail à la maison n’était pas envisagé. La première transformation qu’appelle le travail sur mesure porteront sur les concepts d’urbanisme.

Jean Marc Vittori – Les Échos – 4 novembre 2020

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