LES ERRANTS
Les errants traversent la nuit
Pour eux nulle porte ne s’ouvre
On les trouve les soirs de pluie
Sous des porches recroquevillés
Avec pour matelas le dur pavé
Les errants grelottent la nuit
L’hiver les mord à dures dents
Par les trous de loques usées
Leurs doigts engourdis
Serrés sur une bière
Ils zigzaguent au long des trottoirs
Disputent à d’autres affamés
Les bouches de chaleur aux puanteurs de métro
Les errants ombres dans la nuit
S’arrêtent aux boulangeries
Enivrés par l’odeur du pain
L’odeur du pain les fait rêver
Errants mes frères l’aube vous cueille
Vous vaquez parmi les cités
Comme des vaisseaux démâtés
L’été le soleil vous réchauffe
Quand survivez au dur hiver
Mais déjà s’approche l’automne
Les errants savent les saisons
Chacune a son lot de misères
Sous leurs regards hallucinés
Défile le cortège aveugle
D’autres humains indifférents
Pourtant leurs frères
Les ventres des errants
Murmurent une prière
Leur main tendue espère…
Jean Recoing