Bondir comme un poulain qui s’ébroue dans un pré
Ou comme une hirondelle allant vers ses petits
Voler le bec ouvert en traversant les nuages
Sauter comme un dauphin au sortir d’une vague
Voilà ce dont rêvait sur son dernier grabat
Un vieillard cabossé dont les genoux cagneux
Ne savaient plus porter leur fardeau de misère
Il avait parcouru terres et océans
Chevauché les licornes les marlins géants
Insoucieux de sa peine oublieux de l’effort
Émerveillé d’apprendre enchanté de connaître
Amoureux de beautés croisées sur les chemins
Où l’emportaient la vie sa jeunesse et la grâce
Derrière les rideaux de ses paupières closes
Les images tournoient comme sur un manège
Bondir comme un poulain voler comme un oiseau
Nager comme un dauphin et vivre des romances
Le vieillard dans son lit retourne vers l’enfance
La terre généreuse ouvre déjà ses lèvres
Pour accueillir ses restes une fois éteinte
La flamme de son rêve devenue flammèche
Puis au-delà fumée perdue au gré des vents
Jean Recoing