Tandis que la pandémie occupe toutes nos pensées, un phénomène majeur continue de se déployer : les populations du Sud sont en mouvement vers le Nord. C’est en Amérique que cette situation est la plus impressionnante, avec des centaines de milliers de personnes, en provenance de tous les pays, déjà bloquées du côté mexicain du mur érigé par Donald Trump : au cours du seul mois de mars, 172 000 personnes supplémentaires. Poussées par la misère et le chaos qui ne cessent de s’aggraver dans le sous-continent, elles sont attirées par cet eldorado dont l’accès leur semble plus facile depuis l’arrivée de Biden au pouvoir.
En Afrique, il ne faut oublier ni les incidents qui se sont produits il y a quelque temps à Ceuta et à Melilla – des jeunes en provenance de la zone subsaharienne ont exercé une telle pression sur les barrages supposés les arrêter que quelques-uns ont fini par passer et que l’armée marocaine a dû intervenir – ni le fait que dans tout le Maghreb les jeunes rêvent d’Europe. La France subit une pression migratoire qui s’étend depuis la frontière espagnole jusqu’à la mer du Nord.
Sur tous les continents, des migrants par millions croupissent dans des camps de rétention : en Turquie, en Libye, en Grèce, et dans bien d’autres pays. L’Australie les parque dans des îles du Pacifique, parfois louées à cet effet à des puissances voisines. Tous ces migrants savent à quoi ils s’exposent, tous survivent dans l’espoir qu’un jour le pays dont ils rêvent voudra bien les accueillir.
Les pays que fuient les migrants constituent sur la carte du monde une sorte de tache grise qui s’étend malheureusement. Leurs citoyens prennent tous les risques pour fuir des États qui n’ont plus les moyens de juguler le chaos, la corruption, la violence. Ces pays méritent-ils encore le nom de nations ?
Que cherchent ces migrants ? Le très grand nombre poursuit un objectif simple : rejoindre le monde civilisé, régi par des lois, l’État de droit. Ils arrivent désormais en famille, dans un dénuement extrême, après avoir traversé sur le continent européen une dizaine de frontières ultra-sécurisées. Des marins novices prennent les risques les plus insensés pour tenter de gagner les côtes anglaises, alors même que le Royaume Uni – même s’il reste par ailleurs un modèle – multiplie les dispositions pour leur interdire l’entrée. On les nomme les desperados de la Manche. À ces réfugiés-là, il faudra bientôt ajouter les réfugiés climatiques…
Comment identifier, parmi les candidats à l’immigration, les fanatiques, les agitateurs, les doctrinaires qui se fondent dans la masse avec l’idée qu’un jour ils nous imposeront leur loi ?
Autrefois, nous avons accueilli – ou subi – d’innombrables arrivées d’étrangers dont les descendants sont aujourd’hui de bons Français, de bons Britanniques, de bons Américains… Notre pouvoir d’intégration des étrangers n’est plus ce qu’il fut. À présent, les croyances, les mœurs, la langue même des pays d’origine persistent pendant plusieurs générations. Et la sympathie initiale des populations européennes et américaines vis-à-vis des nouveaux arrivants se mue en hostilité. À la pression que subissent les pays de destination s’oppose désormais la pression toute aussi intense des populations qui ne veulent pas des migrants.
Si d’aventure se trouvait parmi nos lecteurs un futur auteur de tragédies, nous lui proposons ce sujet.
Armand Braun